Le mot peut blesser aussi fort qu'une giffle peut marquer. Les mots avec toi dépassent la complicité des gestes. Chaque mot est un regard. Chaque regard est un acte de tendresse. Ce sont tes mots que je n'oublierai pas. Quand tes caresses disparaitront, je repenserai à tes mots doux, et quand on se retrouvera tes mots me reviendront indemnes. Car les mots pérennisent, ils traversent le temps, s'enfuient puis recommencent. Les mots me rapprochent des pensées que l'on perçoit comme des prières. Lorsqu'elle m'écrit "te nème", elle s'approprie les mots, les mache et me les offre. Lorsqu'elle affirme qu'elle est incapable de faire rire, je rigole déjà, et ses mots font de nous de complices amies. Les mots restent gravés, je pourrai te répéter exactement ce que tu avais écrit dans ton message ce soir là. Et le lendemain lorsque tu me l'avais répété, en me regardant dans les yeux. Peut-être cela m'est il exclusif. Ou bien tout le monde dispose de cette mémoire. Il y a aussi ces mots, que tu avais oublié par la force du temps, et qui te reviennent avec des images ou des parfums. Les petits mots écrits sur des bouts de papier, les grandes lettres déchirées puis recollées. Et puis cette culpabilité qui naît à cause des mots. Pourquoi lui ai-je dit ? Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Et puis avec le mot, il y a la panne. Le blanc, le vide, le coeur qui ne dicte plus rien. Et c'est ainisi que l'écrivain s'éteint, en laissant place à d'autres créateurs.
Envie de te quitter, partir, me détruire, envie de soter dans le vide.